Quarante-six Pygmées ont été tués jeudi dans une attaque des combattants du groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) dans la région troublée de l’Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris vendredi de sources locales.
Le bilan est « de 46 personnes tuées et deux blessés, toutes de la communauté pygmée, dans cette incursion des rebelles ADF », a déclaré à l’AFP Gili Gotabo, président de la société civile du territoire d’Irumu en Ituri tout près de la province voisine du Nord-Kivu (Est).
Adjio Gigi, ministre provincial de l’Intérieur de l’Ituri, a confirmé ce bilan, attribuant l’attaque aux ADF, accusé du massacre de plus de 800 civils depuis novembre 2019 dans le Nord-Kivu et l’Ituri.
Cette attaque des combattants ADF a eu lieu dans la chefferie de Walese Vonkutu à la frontière avec le territoire du Nord-Kivu.
Le bilan d’une quarantaine de civils massacrés a été confirmées par deux autres sources qui ne souhaitent pas être citées.
Les ADF sont à l’origine des rebelles musulmans ougandais installés dans l’Est de la RDC depuis 1995, opposés au régime de Yoweri Museveni.
Sans attaquer l’Ouganda depuis des années, les ADF sont accusés de la mort de plus d’un millier de civils depuis octobre 2014 dans la région de Beni (au Nord-Kivu) et ses environs.
Le dernier massacre d’envergure des civils attribué à ces combattants ADF remonte au 31 décembre dans la région de Beni, dans la province voisine du Nord-Kivu. Au moins 25 personnes avaient alors été tuées dans leurs champs.
Les ADF ne revendiquent jamais aucun massacre mené généralement en brousse, la nuit, sur des paysans sans défense. Mais depuis avril 2019, plusieurs de leurs attaques ont été revendiquées par « l’État islamique – Afrique centrale ».
Dans le territoire de Beni, l’armée a lancé, fin octobre 2019, des opérations d' »envergure » avec pour objectif de mettre fin à l’activisme des ADF dans la région de Beni. Les forces gouvernementales avaient ensuite affirmé avoir délogé les ADF de tous les sanctuaires qu’ils occupaient.
– 647 morts en six mois –
Au lieu de baisser en intensité, les attaques des ADF contre les civils se sont intensifiées, en représailles aux opérations gouvernementalesmenées dans différentes zones.
« Nous condamnons ces massacres. Nous nous interrogeons sur l’efficacité des opérations menées par l’armée », a déclaré à l’AFP le coordonnateur de l’organisation Nouvelle société civile à Kinshasa, Jonas Tshiombela.
Les ADF opèrent désormais en « petits groupes mobiles », ont affirmé des experts des Nations unies dans un rapport adressé au Conseil de sécurité en décembre.
Leurs attaques contre les positions de l’armée et de la Force de la mission des Nations unies au Congo (Monusco) ont fait des dizaines de morts.
Dans la province voisine du Nord Kivu, les attaques des ADF se sont déplacées depuis décembre dans le secteur de Rwenzori près de l’Ouganda, région qui abrite le siège du parc national des Virunga, joyau naturel touristique et menacé depuis fin novembre. La société a rapporté quatre civils tués par les ADF ce vendredi dans cette zone.
Dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, 1.206 civils ont été tués depuis le 30 octobre 2019, selon un décompte du mouvement citoyen congolais Lutte pour le changement (Lucha).
Un autre conflit secoue le nord de la province de l’Ituri, qui a fait plus 1.000 morts depuis fin décembre 2017.
Une grande partie de ces violences sont attribuées aux miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), un groupe mystico-militaire qui prétend défendre les Lendu, une communauté locale de l’Ituri.
Entre mai et décembre 2020 en Ituri, des attaques des groupes armés locaux contre les civils « ont fait au moins 647 morts, dont 120 femmes et 115 enfants », a indiqué vendredi le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme .