Les clubs phares du Sud-Kivu, l’OC Bukavu Dawa (Buda) et l’Étoile du Kivu (EDK), traversent des difficultés financières majeures. Les assemblées générales ordinaires de ce mois d’août rapportent une réalité inquiétante. les supporters, jadis piliers de la survie de leurs équipes, semblent désormais abandonner le 90% des charges dans les mains de leurs présidents de coordination.
Réunis respectivement les 16 et 20 août 2025, les membres de l’OC Bukavu Dawa et de l’Étoile du Kivu ont dressé le bilan sportif et financier de la saison 2024-2025. Si sur le terrain les résultats ont été mitigés, dans les caisses, la situation est encore plus préoccupante.
Bukavu Dawa, un club qui vit par son président !
Le rapport financier de l’OC Bukavu Dawa fait état de 538 000 dollars de recettes pour la saison écoulée, contre 536 000 dollars de dépenses. Mais un détail interpelle, 96 % de ce budget provient du président de coordination, Aimé Boji Sangara.
Les recettes issues des matchs, des cotisations des membres et des transferts de joueurs ne représentent qu’à peine 13 000 dollars, illustrant la dépendance quasi totale du club vis-à-vis de son numéro un.
Pourtant, les objectifs fixés restent ambitieux : se maintenir en Ligue 1 de la Linafoot et décrocher une place en compétitions interclubs de la CAF. Des perspectives qui nécessitent plus de moyens financiers, un effectif renforcé et surtout une mobilisation accrue de toutes les parties prenantes.
Étoile du Kivu, la même équation !
Au FC Étoile du Kivu, le constat n’est pas différent. Le rapport présenté affiche 81 476 dollars de recettes, dont l’essentiel, plus de 28 000 dollars, provient de l’apport personnel des présidents de coordination Calvin Kasembele 28 200$ et Mushi Bonane 30 115. La contribution des supporters 3 421, via les billets des matchs, reste marginale.
Les dépenses, elles, atteignent 81 470 dollars, ce qui laisse très peu de marge de manœuvre au club pour envisager sereinement l’avenir.
Malgré tout, le nouveau comité affiche des ambitions claires : renforcer l’effectif, viser une place de premier rang, jouer l’Afrique dans les années à venir et développer des équipes d’âge ainsi qu’une section féminine. Mais ces perspectives semblent difficiles à réaliser sans une implication financière des fans et partenaires.
Quand les supporters applaudissent seulement
Dans les deux clubs, les dirigeants pointent les mêmes difficultés dont l’arrêt du championnat, manque de sponsors, rareté des infrastructures et absence de certains membres influents.
À cela s’ajoute une autre réalité, les supporters, souvent prompts à réclamer des victoires, ne mettent presque rien dans la caisse, avec comme résultat, les présidents de coordination se retrouvent sacrifiés, contraints de porter seuls le fardeau financier de clubs qui devraient normalement être soutenus par une large communauté.
Une question de survie
Si rien ne change, Bukavu Dawa et Étoile du Kivu risquent de voir leur avenir compromis dans l’élite du football congolais.
La passion des gradins doit se transformer en soutien concret, faute de quoi les ambitions africaines resteront un rêve et la survie même des clubs sera en jeu.
Par Isaac Musharamina